Il y a quelques années, j’avais vu l’exposition « Le Japon au fil des saisons » au musée Cernuschi et j’avais été enchantée. Cette fois-ci, c’est l’exposition « Peindre hors du monde, Moines et lettrés des dynasties Ming et Qing » que je suis allée voir et, bon, j’avoue : j’aurais voulu ramener certaines pièces chez moi pour m’en inspirer et les accrocher dans mon salon !
L’exposition présente une centaine de pièces, toutes issues d’une même collection à laquelle son propriétaire, Ho Iu-kwong, suivant la tradition chinoise, avait donné le nom de Chih Lo Lou c’est-à-dire le « le pavillon de la félicité parfaite » ?
Cette collection réunie des œuvres datant d’une période troublée (du milieu du XVe siècle au début du XVIIIe siècle) durant laquelle de nombreux intellectuels se sont retirés « hors du monde » et on peint la nature et le paysage, considéré comme le lieu de retraite par excellence. Les monts Huang (Monts jaunes) deviendront même un thème artistique et un lieu de retraite particulièrement répandu.
L’exposition met aussi en avant la pratique de la référence : les artistes peignent avec le style d’un maître du passé, les inscriptions permettant de détaillée la référence faite. La calligraphie fait donc partie de l’œuvre et de la composition. J’ai d’ailleurs appris que les sceaux présents sur l’œuvre ne sont pas seulement ceux de l’artiste : chaque propriétaire de l’œuvre vient aussi successivement y mettre le sien.
En parlant de calligraphie, un style se développe lors de cette période et est présenté dans l’exposition : la cursive qui, comme la cursive dans notre alphabet latin, contribue à la fluidité entre les idéogrammes.
Huang Daozhou (1585-1646). Poème en calligraphie semi-cursive (détail), non daté.
Encre sur soie. 177 x 53,3 cm. Collection Chih Lo Lou © Musée d’art de Hong Kong
On apprend aussi que dans cette même période, on valorise l’étrangeté (qi 奇) et l’artiste Fu Shan aurait déclaré préférer « le gauche à l’habile, le laid à l’élégant, (…) le spontané au prémédité », ça me plaît bien 🙂
La poésie est également présente : soit que les artistes se sont inspirés de poèmes, soit que des annotations poétiques font partie de l’œuvre. Là encore, le paysage est à l’honneur.
J’ai d’ailleurs eu un vrai coup de cœur pour les Paysages de Yun Shouping mais je n’en ai hélas pas de reproduction. Le catalogue aurait pu m’en laisser une trace mais n’y était reproduit qu’en tout petit (et les photos étaient interdites à l’exposition).
Encre de chine sur rouleaux de soie, arbres, montagnes, rivières, calligraphies… c’était un foisonnement de choses à regarder, toutes plus fines et délicates les unes que les autres ! Les compositions méritent à elles toutes seules notre attention, équilibrant les espaces denses, les vides, les idéogrammes et même les sceaux.
Encore une fois, c’était un plaisir d’aller au musée Cernuschi, de faire un tour dans la collection permanente – ne serait-ce que pour aller saluer le grand Bouddha – et, ce qui ne gâche rien, repartir par le parc attenant.
Peindre hors du monde, Moines et lettrés des dynasties Ming et Qing
Musée Cernuschi, Paris
Du 5 novembre 2021 au 6 mars 2022
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