Le noir pourrait être une couleur comme toutes les autres mais son histoire, sa symbolique et probablement ça force visuelle aussi lui confèrent un statut particulier.
Si l’on souhaite travailler cette couleur, il faut en premier lieu bien avoir en tête qu’il n’y a pas un noir mais des noirs.
Lors d’un stage chez Shinta Zenker – artiste-peintre, calligraphe et enseignante – nous avions consacré la séance au(x) noir(s) et Shinta nous avait fait, en premier lieu, écrire le même mot, avec une même plume large, mais avec des encres noires différentes.
Cet exercice nous a permis de réaliser à quel point les effets de ces encres pouvaient être variés : reflets, transparence, couleur (car certaines encres étaient plutôt du gris foncé – et même marron ! – que du noir).
J’ai d’ailleurs une encre noire « préférée » dont l’épaisseur et la brillance sont exceptionnelle. Il s’agit de la « Sumi no kaori standard ». Elle est difficile à trouver mais est encore en vente au Comptoir des Écritures, sous la référence CA02300.
Bien connaître ses encres a son importance pour ensuite les utiliser à bon escient. Un tableau fait à l’aide de plusieurs encres noires est en fait fait d’autant de « couleurs » différentes.
Je vous encourage donc vivement à faire un tour dans vos affaires, à réunir tous vos noirs différents, de toutes catégories (gouache, acrylique, aquarelle, vieux reste non identifié, crayons gras, crayon sec, pastel, etc. et à les tester sur un même papier d’abord, pour voir leur différents effets. Vous vous découvrirez peut-être une affinité avec l’un plutôt que l’autre et surtout, vous sauriez mieux lequel utiliser par rapport au résultat, à l’état d’esprit recherché.
Beaucoup d’artistes ont travaillé le noir, mais difficile de faire l’impasse sur Pierre Soulages, l’inventeur de l’outrenoir, le peintre du noir-lumière. L’exposition que j’étais allée voir en mars – Soulages // Hartung // Destins croisés – mettait d’ailleurs en avant le rapport au noir de chacun des deux artistes :
J’aime l’autorité du noir, sa gravité, son évidence, sa radicalité.
Son puissant pouvoir de contraste donne une présence intense à toutes les couleurs et lorsqu’il illumine les plus obscures, il leur confère ne grandeur sombre. Le noir a des possibilités insoupçonnées et, attentif à ce que j’ignore, je vais à leur rencontre. — Pierre Soulages.
J’aime le noir. C’est sans doute ma couleur préférée. Un noir absolu, froid, profond, intense.
Je l’ai souvent employé associé à un fond très clair.
J’aime ces couleurs qui permettent des contrastes forts : le trait, le ligne, les formes s’y détachent sans faiblesse. — Hans Hartung.
Bien d’autres artistes ont tissé des liens particulier avec le noir ; Alain Rey dit que l’art abstrait est fasciné par le noir – tout en évoquant Soulages et Malevitch. Jackson Pollock et Mark Rothko ont chacun leur série « Black paintings ». Et la liste pourrait être très longue.
Livres
À propos de la couleur noire, en matière de livre, Michel Pastoureau, habitué des livres sur la couleur, a édité un ouvrage dédié au noir : Noir, histoire d’une couleur (en moins cher chez Points).
Du même auteur, mais chez les enfants tout en restant très graphique : Pierre n’a plus peur du noir.
Le catalogue de l’exposition « Le noir est une couleur » à la Fondation Maeght (2006).
Et bien sûr, il y a pléthore de livres sur le peintre du noir, Pierre Soulages. Un parmi d’autres consacré à l’outrenoir : Pierre Soulages, Outrenoir.
Expositions
« Soulage au Louvre« , Musée du Louvre, 11 décembre 2019 au 09 mars 2020.
Mise à jour mai 2020 :
Voir l’exposition « Soleils noirs » au Louvre-Lens du 25 mars 2020 au 25 janvier 2021.
Galerie
Mes tableaux autour du noir :
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